Julien Cassier & le GdRA
En 2005 le circassien, performeur et chorégraphe Julien Cassier et l’anthropologue, auteur, metteur en scène et musicien Christophe Rulhes décident de fonder le GdRA ; et ce, afin d’inviter leurs attachements respectifs au monde paysan sur les plateaux de théâtre. Ils affirment une conception élargie de la narration scénique pluridisciplinaire mêlant arts du cirque et sciences humaines, musique et arts de la scène. Dans le même élan, ils invitent le comédien Sébastien Barrier à rejoindre le collectif, qui sera co-auteur des deux premières pièces de la compagnie.
Inspiré par les mondes universitaires où il évolue alors, sur le modèle des intitulés de laboratoires en sciences humaines auquel il est rattaché, Christophe Rulhes propose au collectif le nom de "Groupe de Recherche Artistique", le GdRA.
La compagnie cherche une articulation entre récit et arts du cirque et du corps, l’engagement physique propre à l’acrobatie se mêlant aux gestes ordinaires et aux récits documentaires. L’image filmée et sa mise en scène est centrale dans les scénographies imaginées par Julien Cassier. La scène devient agrès, elle relie et ouvre des espaces de jeu entre le corps acrobatique et l’image filmée, entre fulgurances des gestes chorégraphiés et récits de vie.
Son format est évolutif selon les spectacles à créer, où prennent part des personnes d’horizons divers : musiciennes, techniciennes, documentaristes, administratrices, productrices, circassiennes, comédiennes, plasticiennes, danseuses, artistes numériques, réalisatrices d’images filmées, chercheuses et scientifiques. Parmi elles, l’ingénieur du son Pedro Theuriet, l’éclairagiste régisseur David Lochen, la costumière Céline Sathal, la créatrice lumière Adèle Grepinet, le peintre illustrateur et performeur Benoît Bonnefritte, l’anthropologue Bruno Latour ou la philosophe Joëlle Zask, et toutes celles et ceux qui depuis l’administration et la production ont porté et portent les écritures : Armelle Vernier, Jean Sébastien Steil, Léonor Manuel, Frédéric Cauchetier, Élisabeth Le Coënt et Alter Machine, et bien d’autres. Toutes ces personnes furent ou sont encore des complices et des inspirations qui ont nourrit l’identité artistique plurielle de la compagnie.
Bien qu’ils mènent aussi des écritures personnelles au sein du collectif, Christophe Rulhes et Julien Cassier co-signent la plupart des œuvres. Depuis l'espace scénique où ils jouent dans nombre de leurs pièces : Christophe Rulhes conçoit, écrit, met en scène, fabrique la musique, partage la scénographie, interprète ; Julien Cassier est concepteur, chorégraphe, scénographe, et réalise prises de son, images et montages, et interprète.
En 2007, le GdRA débute un cycle théâtral que Christophe Rulhes intitule Le Triptyque de la Personne composé de Singularités ordinaires une pièce initiée par Julien Cassier (présenté au Festival d’Avignon 2010), Nour (2011) et Sujet (2014), montrés en France, en Suisse, en Espagne, en Belgique. Pour la Capitale Européenne de la culture à Marseille, la compagnie crée Vifs, un musée de la Personne (2013) où Christophe Rulhes écrit à l’invitation de Bruno Latour, à partir de son article « la mondialisation fait-elle un monde habitable ? ». Ce texte animé par le dispositif vidéo, entre en écho avec la chorégraphie au trampoline de Julien Cassier. L’installation est régulièrement jouée, notamment reprise en 2019 : Vives, une version féminine de Sevran, avec le Théâtre de la Poudrerie et le Grand Paris Express ; mais aussi en 2024 avec la Fabrique à Toulouse pour Miralh visages vifs.
Depuis 2008, avec un cycle théâtral que Christophe Rulhes nomme Les experts du vécu, , le GdRA écrit une dizaine d’œuvres contextuelles liées à des personnes, des publics, des territoires et des partenaires spécifiques, notamment Commun(s) en 2015 avec l’Université Fédérale de Toulouse, et Lavelanet en 2016 avec la ville éponyme d’Ariège.
En 2016, après une collaboration de Christophe Rulhes avec la compagnie réunionnaise Cirquons Flex, le GdRA crée Lenga. Cette pièce créée au Théâtre Vidy à Lausanne invite les deux artistes de cirque Maheriniaina Ranaivoson et Lizo James. Le collectif voyage en Afrique du Sud et à Madagascar. Ce premier volet de la série La Guerre des Natures, ouvre une enquête théâtrale à travers le monde.
En 2017, Julien Cassier retrouve la productrice Michiko Tanaka qui propose au collectif de rencontrer Kanroku Yoshida, maître de marionnette Bunraku du théâtre National d’Osaka. Yori Kuru Mono est créée au Japon, une pièce conçue par le GdRA, mis en scène par Christophe Rulhes, co-écrite avec Kanroku Yoshida. En 2018, à l’invitation de la co[opéra]tive réunissant le Théâtre Impérial de Compiègne, le Bateau Feu de Dunkerque, le Théâtre de Cornouailles de Quimper et les 2 Scènes à Besançon, Christophe Rulhes met en scène l’Enlèvement au Sérail de Mozart et y invite Julien Cassier et l’équipe de création du GdRA ous la direction musicale de Julien Chauvin.
Après un processus de travail débuté en 2017 en Amazonie guyanaise, le GdRA crée Selve, portrait d’une jeune femme amérindienne Wayana joué de 2019 à 2020. A l’automne 2019, le diptyque des deux premiers volets de La Guerre des Natures, Lenga & Selve est publié aux éditions des Solitaires Intempestifs sous forme de livre disque et laisse se déployer les textes de Christophe Rulhes et l’anthropologie théâtrale qu’il développe. Julien, Cassier réalise pour l’occasion une création sonore mêlant paysages sonores amérindiens et voix enregistrées. Christophe Rulhes poursuit ce travail réflexif avec une thèse intitulée Singularités Ordinaires soutenue en 2023 à l'EHESS et au LAS.
En 2020 et 2021, le GdRA conçoit Siffleurs de danse, une pièce chorégraphique sur la parole adolescente invitant le geste acrobatique à rendre hommage à l’anthropologue Daniel Fabre ; en 2022 Bois Sacré est créé avec le collectif S'Enforester et Anthropologie13.CH au théâtre de Vidy avec l’école supérieure d’arts dramatiques des Teintureries à Lausanne ; en 2023 le GdRA conçoit une nouvelle pièce donnant une prosopopée Méditerranéenne intitulée Au milieu des terre. Christophe Rulhes la met en scène et co-écrit en compagnie de l’anthropologue Mondher Kilani et de l’océanographe Catherine Jeandel, en tournée en France et au Maghreb en 2023/2024.
En 2024 et 2025, Christophe Rulhes et François Huguet conçoivent La Cham dont Julien Cassier filme les images, pièce paysaniste jouée tant en extérieur qu’en intérieur, à partir d’une enquête réalisée en Lozère.
En 2025 Julien Cassier décide de porter ses propres pièces au sein du collectif. Christophe Rulhes poursuit les travaux en cours, notament en créant LoRulh avec l'acrobate Tom Colin et en poursuivant pour fin 2026 la conception de Silikeimë, qui signera le retour du GdRA en Amazonie. Cette pièce invite d'ores et déjà sur scène l'artiste et artisan Aimawale Opoya ainsi que la circassienne et performeuse Charlotte Le May, acteurices d’un théâtre amérindien, autochtone, terrestre, décolonial.
En avril 2026, Consolo sera créé au théâtre Garonne, une pièce de Daniele De Michele réalisée en collaboration avec Julien Cassier. Ce récit autofictionnel mêlant anthropologie, art de faire culinaire et performance, questionne les enjeux politiques et démocratiques de la cuisine quotidienne et familiale au rythme d’une recette de pâtes faite main.
Depuis 2010, le GdRA est conventionné en France par le Ministère de la Culture en DRAC Occitanie, soutenu par la Région Occitanie et par la ville de Toulouse.