Joël Bélanger parle de sa schizophrénie

Entretien réalisé dans le cadre de l'écriture de SUJET.

 

Christophe : – Joël, tu fais de la poésie sonore

Joël : – Ah moi je suis bon moi, je suis un bon moi, j’improvise !

Christophe : – Tu fais de la poésie sonore…

Joël : – Tout à fait oui, mais faut pas trop que je m’emporte parce que si je m’emporte après je vais avoir des vertiges, des tremblements et je vais avoir peur. Il faut que je sois pausé mais il faut pas trop que je dises que ça aille, parce que ça va pas, ça va pas, comme ça quand ça va, je dis toujours ça va pas, comme ça on est habitué.

Christophe : – Bonne tactique !

Joël : – Bonne tactique ! Et là on me filme, on m’écoute, je suis obligé de bouger, de passer à l’action. Je ne veux pas paraître agité, excité, nerveux, énervé moi, hein. Je veux me montrer comme un gars qui est très calme et qui sait ce qu’il dit et ce qu’il fait…

Christophe : – Et la dernière fois Joël, tu m’as soigné un petit peu…

Joël : – Je t’ai soigné ouais, fait voir…

C : – Comment tu… c’est quoi ces techniques de soins ?

J : – Ça c’est du magnétisme, je suis médium, voyeur, voyant, hypnotiseur et magicien, c’est un 6eme et un 7eme sens que je détiens, un don et un pouvoir surnaturel, je guéris n’importe quelle maladie, et c’est la vérité, c’est le secret de la vérité et de la réalité, et en plus de cela, c’est gratuit ! Une prière en touchant la main, le corps, ou à distance, ça revient au même.

Laurent : – Il a des capacités de guérisons…

J : – Je te guéris moi !

C : – Mais depuis quand…

J : – Je te libère, je t’élimine et je te délivre du mal, le mal, le mal, je te l’enlève moi ! Attends je vais faire la prière, attendez messieurs dames, je fais la prière. J’ai besoin de réflexion... Nerveux hein ?

Je suis rentré dans ton âme, ton cœur, ton corps et ton sexe, je suis pas un pédé mais… j’y suis rentré… dans ta vie. Voilà c’est bon, c’est fini, là, tu vas être, tu vas connaître le bonheur, tu vas vivre d’amour et d’eau fraîche, comme moi, et tu vas connaître le bonheur, je t’ai guéri du mal moi, je t’ai éliminé, délivré et libéré du mal. Je peux le faire aux deux autres messieurs si ils veulent aussi. Je veux ma liberté ! Je veux ma liberté, ça regarde que moi, je veux être libre et heureux, Christophe.

C : – La dernière fois Joël…

J : – Fais voir maintenant…

C : – Ca va ?

J : – Ça y est t’es descendu, ça y est t’es descendu…

C : – Et ouais mais moi je suis toujours un peu…

J : – Je t’ai éliminé, délivré et libéré du mal, le Mal, tu sais ce que c’est que le mal ?

C : – Mais le mal ?

J : – Le bon et le bien contre le mal et le mauvais, le mauvais et le mal, j’aime pas le mauvais et le mal, moi, je l’enlève et après c’est le bon et le bien, le oui, peut-être, et il faut et c’est sûr et certain même. C’est tout ce que j’ai à dire.

C : – Et Joël depuis quand tu guéris comme ça ?

J : – Je suis franc direct, sincère et généreux moi, je suis direct ! Je la sens pas moi, c’est peut être saccadé et par à-coup, par moment mais enfin je… j’estime que j’emploie comme il faut ma force et ma puissance magnétique, je guéris à distance, même à distance, sans arrêt, sans arrêt, je peux le faire sans arrêt, à l’infini pendant des siècles et des siècles, ça m’épuisera jamais ça ! C’est en moi, c’est dans mon âme, mon cœur, mon corps, et mon sexe. Je suis obligé de prier, c’est mon métier, je prie et ça marche, je suis le messie, l’élu, le fils de dieu, Jésus Christ et Bruce Lee, la réincarnation depuis la nuit des temps, et je détiens des ondes et des pouvoirs surnaturels, et c’est gratuit, et c’est naturel chez moi.

C : – Et Bruce Lee pourquoi ?

J : – Bruce Lee parce que je me suis entraîné avec lui, même si on me croit pas, c’est pareil.

C : – Tu as fait des arts martiaux ?

J : – Je suis ceinture rouge, 10eme dan en Kung-fu, en boxe chinoise et en Viet-vo-dao. Je n’aime pas la bagarre, je n’aime pas le chahutage, j’ai horreur de ça, j’ai fait des arts martiaux pour mieux me sentir dans ma peau et j’ai la paix, le respect et la liberté, envers les arts martiaux moi, et je suis Jésus Christ moi, je suis ressuscité.

C : – Ça c’est intéressant ça, tu veux dire, tes parents ils sont nés à Nice ?

J – Ouais, mon pauvre papa il était né à l’Alinde en Dordogne, mais ma maman qui est fatiguée épuisée, qui est vidée fondue, fatiguée épuisée et fébrile fragile et sensible…

L – Elle est née où ?

J – Il faut pas trop que je m’emporte parce que j’ai des vertiges, ça recommence, j’ai peur de moi…

L – Elle est née ou, ta maman elle est née ou ?

J – Elle est née à Nice, mon frère aussi Denis. Il a 16 mois de plus que moi, moi j’ai 52 ans, lui il en a 53 et demi.

C – C’est un Niçart ?

J – Et je suis un Niçart, coupé de Marseille. Je m’incline devant la maladie, le handicap… le handicap est très fort, est puissant. Elle te maintient, et après elle te tient et c’est le mal, le mauvais et moi je l’enlève tout ça, parce que normalement dans la planète Curdeau là-bas de l’autre coté du soleil, on vit d’amour et d’eau fraîche, on vit pas de maladie ni de handicap, ça n’existe pas, tout le monde est bien et dans le bien-être et dans le bonheur complet, heureux, et heureuse et libre, libre, je répète libre ! Pas d’emprisonnement, liberté ! Voilà tout à fait oui, je sais ce que je dis, ce que je fais, on a le droit d’être heureux dans la vie.

C – Toi aujourd’hui Joël, comment tu te situes par rapport au bonheur ?

J – Je me sentais pas capable d’être filmé, ni entendu, mais là j’ai plus peur, j’émerge là, c’est l’heure, je suis méditerranéen, je me réveille qu’a partir de 3h l’après-midi, mais c’est pas grave, je fais la sieste moi dans la journée, je fais la sieste. Et après je me réveille et après le soir, je fais la Dolce Vita, le soir, je fais la Dolce Vita moi, je fais la fête…

C – Tu veilles ?

J – Avec les nanas, le champagne et tout !

J – Trois briques par soirée, pendant 40 ans, merci messieurs dames ! Un milliard 400 milles sur mes comptes, merci messieurs dames…

C – Et oui parce que tu joues au PMU ?

J – Parce que je gagne, je gagne le combat, j’ai gagné mon combat, je peux être filmé maintenant, regardez moi et écoutez moi, entendez moi, et regardez moi, je suis là maintenant. Non mais on me filme, je me filme, je suis en direct avec mon film, avec moi même. Je regarde pas en face parce que j’ai ma vision de vie, j’ai ma vision de vie et je sais ce que je vois et ce que j’entends, je crois que ce que je vois et ce que j’entends, je vous crois, je vous fais confiance à tous et à toutes, vous êtes le présent, on est vivant, nous sommes vivant ! Nous sommes vivants ! On ne connaîtra jamais la mort avec moi, point final et j’en ai l’accent marseillais, portant je suis né à Nice, d’origine Italienne, merci messieurs dames. C’est bon j’ai assez parlé pour le moment, STOP.

J – Dans mon subconscient et dans mon imagination, je sais ce que je dis, ce que je fais, j’improvise, sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt… je suis libre et heureux, je dis et je fais ce que je veux, je suis en liberté, point final. Je souffre pour la planète entière, je souffre pour l’humanité tout entière, merci, c’est gratuit, c’est la vérité, c’est la vérité, l’humanité est malade et handicapée. On y comprend rien à tout ça, on est innocent , tout le monde est innocent, c’est pas de votre faute, messieurs dames, c’est pas de votre faute, ça vient de la planète Curdeau la faute, ma planète à moi, de l’autre côté du soleil. Il faut qu’on passe le soleil à travers, et qu’on atterrisse sur l’autre galaxie là-bas… pour s’en sortir. Mais il n’y aura jamais la fin du monde, parce que c’est la terre qui va se déplacer, elle va passer à travers le soleil, elle va arriver de l’autre côté, sur ma planète Curdeau, et après on sera tout heureux et libre, et bien dans notre peau en vivant d’amour et d’eau fraîche dans des oasis, dans des campagnes, dans des machins, dans la montagne, à la mer, dans des oasis, tout, partout, sans arrêt partout, que ça, plus de guerre mais que de l’amour…

L – Tu veux combien de femme dans ta vie ?

J – Un seule du moment qu’elle m’aime, c’est tout ce que je demande et pas d’argent, d’amour et d’eau fraîche, dans les oasis, dans les déserts, dans les mers, dans les montagnes, dans… partout. Non mais moi je dis le secret de la vérité, de la réalité, c’est tout, ça va pas plus loin. Et je regrette pas ce que je dis, ce que je fais. Ce que je dis, ce que je fais, c’est le secret de la vérité, de la réalité, c’est tout, on me filme je suis obligé de parler, de dire un peu ce qui se passe sur cette planète. Ah vous l’avez voulu Hollande, et ben vous l’avez. Pour un centime d’euro, on se bouffe le foie ici ! Merci ! C’est pas normal ça ! C’est pas vrai monsieur Sébastien Bach ?

S – Moi je m’en fout des hommes politiques, moi, c’est le foot moi !

J – Ah, le foot, la politique aussi, politique, musique, foot rugby, vas-y, vas-y, vas-y, la politique, vas-y la politique, vas-y, la politique vas-y !

J – C’est pas tellement bon, parce que je tremble, j’ai des spasmes, des à-coups, j’ai peur, je souffre, j’ai mal, je suis torturé, et j’ai envie de parler parce que j’ai peur, je peux pas rester sans rien dire, et sans rien faire, faut que je parle et que je bouge, excusez moi messieurs dames mais je peux pas faire autrement, ça me fait peur putain, j’ai peur là maintenant… Oh là, je suis trop libre et heureux.

C – Trop libre et heureux ?

J – Trop libre et heureux, trop de médicaments ou pas assez, juste ce qu’il faut, j’ai peur. On m’a fait peur dans ma vie, j’ai frôlé la mort plusieurs fois, la maladie et la mort, je suis triste et épuisé, je peux plus arrêter de parler, c’est plus fort que moi, je peux pas arrêter de parler, je vais parler tout seul maintenant, comme je me comprends très bien, je suis triste et épuisé, messieurs dames, je suis triste et épuisé, je suis malheureux, je n’en peux plus, je suis au bout du rouleau, ça fait 52 ans que ça dure, je voudrais que ça change, en mieux en bon en bien en mieux, je voudrais que ça s’arrange pour tout le monde, je voudrais amplement qu’il y ait l’amour entre nous et non pas la guerre et la maladie, je voudrais que tout se passe bien, c’est plus fort que moi, je suis obligé de le dire, même tout seul devant quelqu’un, c’est injuste, je suis pour la justice moi, c’est pas juste, naturellement, c’est pas juste, surnaturellement, c’est peut être juste, mais c’est pas sûr et certain, c’est pas évidement, je suis obligé de dévoiler le secret de la vérité, de la réalité, c’est moi qui détient l’amour de la source humaine.

C – Est ce que tu peux essayer de nous faire la liste des médicaments que tu prends ?

J – Je les connais, Ablocardil, Parkidam, Loxapac, Dipiperon, Mag 2, voilà, il y en a 5 ou 6…

C – Et tu penses que c’est bien ?

J – Et ils me font du bon et du bien. Ils me calment, ce sont des calmants, ce que je recherche moi, c’est des excitants, parce que je suis trop calmé, j’ai le cerveau qui est endormi, je dors, j’ai sommeil, il va bien falloir que je m’éveille, que je me réveille, non ? Ça va être l’heure de manger messieurs dames, de prendre des médicaments, surtout la chimie, attention, il n’y a pas de secret de la vérité, de la réalité, c’est la chimie qui est le plus fort et le plus puissant, ça maintient la maladie et le handicap, ça maintient le cerveau, ça permet de vivre et de survivre plus longtemps, j’ai des impatiences, j’ai mal aux jambes, aux reins et partout, j’en peu plus. Je suis survolté, j’ai la rage, la fureur et la haine, parce que je sais que ma mère va nous quitter et va bientôt aller de l’autre côté du soleil à Curdeau, avant nous, et je suis triste et épuisé de savoir ça, que ma mère va me quitter, je me demande si je vais pas devenir violent méchant et dangereux quand elle sera plus là, avec la rage la fureur et la haine de la vie, je la mange la vie moi, la Dolce Vita, la Dolce Vita, Je vis pleinement, homme femme tout, on me filme, je parle, ça me fait peur tout ça !

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