Entretien réalisé dans le cadre de l'écriture de Nour.
Aïcha : « Et d’ailleurs l’amour que Nour portait pour sa mère, c’était énorme ! Donc je pense pour moi, personnellement, Djamila, je pense qu’elle avait mal de voir sa fille comme ça, donc systématiquement… elle avait pas beaucoup d’argent parce que bon voilà je savais, mais simplement pour lui donner un peu de bonheur un peu de libération, elle nous la faisait venir à la maison. Et je pense que quelque part si elle a eu ce parcours, Nour, je pense que c’est, c’est grâce à moi …
Christophe : D’accord, parce qu’elle était plus jeune que toi ?
A : Oui elle était plus jeune, on a six ans, elle a six ans de moins que moi.
C : D’accord.
A: Dès qu’elle venait à la maison en fait moi avec mes frères et sœurs, on écoutait du Jackson. BAD, BAD, BAD ouais BAD, l’album BAD 85, ah ouais, ça ! Et voilà elle se mettait à danser avec nous, et nous on était épaté parce que nous on essayait de danser tous les jours, et elle, clac elle avait ça dans le sang, elle le sentait clac, elle s’est mise à la piste, elle nous a bluffé…
C : Elle était douée pour la danse …
A : Attends elle nous à bluffé la gamine, elle nous a bluffé et de… donc de là j’étais pleine d’admiration pour elle.
C : Et Michael Jackson ?
A : Michael Jackson, c’était un noir, et nous on l’a… bon quelque part, cette discrimination raciale parce que t’es arabe, parce que t’es reubeu, je l’ai pas moi personnellement, je l’ai pas autant vécu, pour moi personnellement je l’ai pas vécu cette discrimination raciale. Je l’ai vécu par la suite, mais je sentais certains regards, je savais que dû à mon physique, il y avait, il y avait un problème, ou dû au physique de mes frères, plus parce que mes frères en fait, moi je passais en fait, pourquoi parce que j’étais une fille. Et Michael Jackson quelque part, moi je me disais « il y a des millions de gens qui l’aiment bien, donc les gens ils sont pas racistes », et puis c’est ce frère que t’a pas tu vois, ce frère, ce mec qui danse, puis nous tu vois on était vachement des danseurs, on chantait je te dis, on faisait des jeux, et Michael Jackson, nous il nous faisait rêver. Parce que t’imagines le mec… Tu sais pourquoi je te dis ça, c’est parce que c’est bizarre, hier on s’est parlé, on a eu un entretien, et moi tu m’as perturbée parce que j’ai envie d’être à fond dans votre truc, et hier soir habituellement je bois pas un petit coup, je m’évade par l’esprit, et hier soir je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, je suis allée au bistrot donc, je sais pas pourquoi je me suis dis « allez vas-y », je me suis lâchée un petit peu, je sais pas pourquoi, je vais boire un petit apéritif, et tout, et il y a une copine qui s’appelle Laëtitia qui m’invite chez elle et donc de la elle me met plein de musique et tout… Je bois un coup écoute, et je commence à me dire « ben bizarre », je commence à me décoincer un peu, je commence à boire un petit coup sans abuser et tout. Tu sais qu’est-ce qu’elle me met la gonzesse, elle me met du Michael Jackson , « Say say say what you want », tu vois un peu le truc ! Et la je dis « ah oketch » le mec me fait un signe quoi, je l’avais oublié merde, et lui il va rentrer dans mon histoire quoi, parce que lui c’est quelqu’un lui, lui il a vécu chez nous quoi, lui il était la, lui il nous faisait rêver le mec, on pouvait le regarder des heures !!! Ces musiques ! Malgré que je connais pas beaucoup non plus, mais ses clips, ces chansons je les connais toutes par cœur, c’était, c’était le King quoi, c’était le roi ! Ben je pense que c’était lui mon père quoi, c’était lui mon père quoi !!! D’ailleurs, chez nous tous, je pense que c’était lui notre père quoi, ouais, parce qu’il nous a donné de la joie, il nous a fait rêver le mec quoi. Moi je pense que c’était plutôt lui mon père quoi. Tu vois, je viens de le dire, maintenant, j’aurais jamais pu te dire ce genre de truc, mais moi je pense que c’est lui mon père, tiens tu vois, une révélation ! »