Théâtre
& Formes

Silikë

le ciel dans la terre
[↓ ]

Sur scène, avec une scénographie de peintures maluwanas, une transe peut s’ouvrir alors, à la lune et à la terre, aux étoiles Silikë, entre danse, musique, textes et langues plurielles, théâtres autochtones, projections vidéos. Si le ciel s'efface ou se brouille, que reste-t-il de la terre ?

Silikë signe le retour du GdRA en Amazonie guyanaise. L’auteur et metteur en scène, musicien et anthropologue Occitan Christophe Rulhes, invite l’artiste et chef coutumier Wayana Aimawale Opoya et la circassienne danseuse Québécoise Charlotte Le May, pour coécrire une œuvre théâtrale, musicale et chorégraphique prévue fin 2026. À partir des « ciels de case » ou maluwana, cosmogrammes traditionnels amérindiens que peint Aimawale dans le village de Taluen en cœur de forêt, elle et ils mènent une enquête au sujet de l’astronomie autochtone, accompagnés par le filmeur Kélit Raynaud-Sathal et le preneur de son Solelh Rulhes. Du point de vue Wayana, Aimawale, Christophe et Charlotte questionnent silikë, "étoile", ainsi que les nombreux récits qui lui sont associés. Silikë est aussi le mot pour désigner des chenilles qui occupent les sols de terre battue en y creusant des milliers de petits trous et dont la tête translucide ressemble à celle d’une étoile. Lorsque ces têtes minuscules dépassent en dehors de leur refuge, le sol s’apparente, en miroir, au ciel stellaire. Le ciel est dans la terre. Mais Silikeimë est aussi un monstre de la cosmologie Wayana, esprit de la terre et des tunnels, capable de creuser un passage entre divers mondes, le haut et le bas. Silik silik est un criquet qui aurait inventé la nuit pour laisser le temps au manioc de fermenter dans la bière. Et puis les étoiles de la voie lactée sont des chamans défunts, tandis que l’ensemble du ciel stellaire est un grand arbre brûlé par le démiurge, dont les braises restent vives. Les plus anciennes et anciens Wayana y reconnaissent encore des constellations liées à des saisons de pêche ou de chasse, des évènements, des récits de monde et de catastérisation, quand des personnes deviennent des étoiles.  

Silikë interroge aussi l’activité du Centre Spatial Guyanais basé non loin du village de Taluen où vit Aimawale. Si ce dernier raconte sur scène en français et en wayana ses cosmogrammes et la vision du monde qu’ils induisent, Charlotte dit et danse des textes depuis des points de vue cosmologiques divers, y compris ceux de l'astrophysique moderne ou de l’écologie de l’espace stellaire où la pollution guette. Un dialogue et une rencontre s’établissent, sous des constellations découvertes communes, traversées par les satellites, où les étoiles et les chenilles luminescentes portent le même nom, où le ciel et la terre toujours fragilisés et habités se rejoignent continus.

 

En coréalisation avec le programme de recherche européen en sciences humaines et en arts OSPAPIK. https://ospapik.eu Ocean and Space Pollution, Artistic Practices and Indigenous Knowledges, Funded by the European Union (ERC, OSPAPIK, 101088403). Views and opinions expressed are however those of the author(s) only and do not necessarily reflect those of the European Union or the European Research Council Executive Agency. Neither the European Union nor the granting authority can be held responsible for them.

 

 

 

 

[+]
[mode lecture]