ANTHROPOLOGIE 13.CH
Treize jeunes personnes ayant grandi, vécu ou vivant en Suisse racontent des souvenirs liés à des paysages proches ou lointains et à des attachements intimes et familiers. Dans l’urgence de l’engagement physique, elles disent des appartenances à des vallons, des villes, des montagnes et des lieux, des deuils, des disparitions, des créations et des continuités. Elles disent des passages où meurent les chèvres en Sibérie, se transmettent ou pas les vignes dans le Valais, se créent des musiques urbaines et des cultures afro-helvètes à Zurich, vivent des rencontres à Genève ou à Lausanne, avec un amour, un arbre ou une station de métro. Cette pluralité de vie s’expose au fil d’une mise en scène favorisant l’adresse directe et ouverte, la présence brute et engagée, à partir de textes portés par leurs autrices et auteurs, dans un flot de mouvements, de danses et de musiques, où des temps réellement vécus sont rejoués et parfois dialogués à plusieurs. Cette auto-anthropologie scénique emprunte tant au rituel villageois qu’au théâtre occidental et cherche des états de transe collective par la médiation du corps et de la parole. Ainsi, dans des éclats de singularités biographiques, la danse, jusqu’à l’épuisement, va se nouer aux mots.
Christophe Rulhes et Julien Cassier accompagnent la promotion 2022 de l'école supérieure de théâtre les Teintureries à Lausanne. En 2021, ils animent en janvier une session d'enseignement du théâtre à partir du réel et de l’enquête, pour fabriquer des documents et des traces à l’attention du récit. Ils initient le groupe d'étudiants à l'anthropologie, au mouvement circassien et à la mise en scène plurielle. L'écriture des textes, portée par chaque ateliériste, se fait en prise avec des personnes proches, des architectures, des objets, des paysages d’enfance. Comment appartenir à son paysage ?
Parallèlement, chaque étudiant développe une conscience du corps dans l’urgence de l’engagement physique. Le geste est pensé comme un support narratif à travers une pratique acrobatique et chorégraphique, en intégrant le sol et la chute à la présence. En 2022, en synthèse du parcours, après deux mois de résidence em mai et juin, les récits et portraits sont mis en scène à travers le texte, la danse, la musique et l’acrobatie. A travers ce parcours artistique et pédagogique, se déploie une écriture de plateau où la forme, le texte et l’espace évoluent en même temps. Les représentations sont données du 30 mai au 3 juin 2022 au théâtre de VIDY à Lausanne puis en Suisse au Crochetan à Monthey et au Théâtre du Passage de Neuchâtel.